« Nina Gary a 18 ans ; alors qu’elle tente de devenir une femme, elle réalise que quelque chose cloche. Entre son père gambien qui marche comme un tam-tam, son grand-père à l’accent de Popek qui boit de la vodka, entre le trop d’amour de sa mère cachée pendant la guerre, le rejet de la fac et la violence de la rue, elle est perdue. Noire, juive, musulmane, blanche et animiste, elle en a gros sur le cœur d’être prise pour une autre, coincée dans des cases exotiques où elle ne se reconnaît pas. Alors, elle court. C’est la solution qu’elle a trouvée pour échapper aux injustices et fuir les a priori d’une société trop divisée pour sa construction intime. Elle fait le choix de la vitesse pour se prouver qu’elle a un corps bien à elle et se libérer de l’histoire de ses ancêtres, trop lourde pour ses épaules. Un mouvement permanent pour s’oublier, et tout oublier de la Shoah, de l’esclavage, de la colonisation et de la reine d’Angleterre. Courir pour se perdre, s’évader, se tromper, être trompée, se blesser, se relever peut-être. Ne plus croire en rien, seulement au chronomètre et en l’avenir des 12 secondes qui vont suivre. Sentir ses muscles, pour vivre enfin l’égalité – tous égaux devant un 100 mètres, à poil face au temps. Entre les grandes et les petites choses, c’est l’histoire de Nina Gary, une jeune fille qui court pour devenir enfin elle-même. »
Les grandes et les petites choses de Rachel Kahn est un des livres sélectionnés pour le Prix du roman tmv 2016, auquel je participe.
Comme Un autre monde de Michka Assayas (également lu dans le cadre du prix du roman tmv 2016), Les grandes et les petites choses semble autobiographique. L’héroïne de Rachel Khan se nomme Nina Gary, mais c’est le nom de comédienne qu’utilise l’auteure. Comme Nina, Rachel a un père gambien, professeur d’anglais et une mère libraire, française, d’origine juive polonaise. Et comme Nina, Rachel court, elle a d’ailleurs été athlète de haut niveau.
Les grandes et les petites choses est son premier roman. Il raconte Nina, ses doutes, ses difficultés à trouver sa place, à trouver son identité en raison de ses racines, à la fois polonaises, gambiennes, musulmanes, juives, françaises… Et aussi la danse, l’athlétisme, la fac de droit, les premiers émois.
Il y a beaucoup de tendresse, de colère et d’amour dans ce roman. On sourit beaucoup et on a la rage aussi. Le livre se lit très bien, Rachel Khan joue avec les mots avec brio, elle écrit très bien. Je suis ravie de cette lecture et de cette découverte. Et effectivement, dans la vie, il y a les grandes et les petites choses qui nous font avancer, grandir, bouger et à la fin devenir ce que l’on est…
Pour lire l’avis de Bérengère, membre du jury du prix du roman tmv 2016 et blogueuse tourangelle, c’est par ici.
Les grandes et les petites choses – Rachel Khan – Anne Carrière
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