« Des pages et des pages de notes. Tu as noirci des centaines de lignes de ses mots à lui. Pour garder une trace, tenter de les désamorcer, avec le pathétique espoir qu’ils aillent s’incruster ailleurs qu’en toi.
Cela faisait des années qu’elle croyait Aurélien guéri de sa violence, des années que ses paroles lancées comme des couteaux n’avaient plus déchiré leur quotidien. Mais un matin de septembre, devant leurs enfants ahuris, il a rechuté : il l’a de nouveau insultée. Malgré lui, plaide-t-il. Pourra-t-elle encore supporter tout ça ? Elle va avoir quarante ans le 3 janvier. Elle se promet d’avoir décidé pour son anniversaire. »
J’ai lu Trancher, premier roman d’Amélie Cordonnier, grâce au comité de lecture de Cultura de Chambray-lès-Tours. Et j’étais ravie de pouvoir le lire, car ce roman était dans ma wish-list depuis ma lecture de la chronique de Sybil, alias Un brin de Syboulette. Puis cette envie s’est confirmée en lisant la chronique d’Anthony sur Les livres de K79.
Trancher est écrit à la deuxième personne du singulier. Ce qui m’a fait pensé à La condition pavillonnaire de Sophie Divry. La ressemblance entre les deux romans ne s’arrête pas à ce « tu » qui s’adresserait presque à toi. Dans le roman de Sophie Divry, sorte d’Emma Bovary contemporain, notre héroïne s’ennuie et n’est pas heureuse dans sa vie et dans son couple. Dans le roman d’Amélie Cordonnier, notre héroïne n’est pas heureuse non plus. Mais cela n’a rien à voir avec l’ennui.
Elle vit avec Aurélien. Et elle l’aime. Il est gentil. En apparence. Car il y a des nuages dans son histoires. Des insultes, des mots durs, qui rabaissent, blessent et détruisent. Alors elle part. Puis elle revient. Il s’est excusé. A promis. Ils ont fait un enfant. Puis un autre. Il faut dire qu’il a fait beau pendant sept ans. Et puis un matin, un orage. Une explosion. Qui a glacé tout le monde. A laissé les enfants horrifiés et notre héroïne à terre.
Alors elle note tous les mots. Les durs, qui rabaissent, blessent et détruisent. La violence. L’échéance de ses quarante ans se rapproche et elle se demande si elle va avoir le courage de partir. Sans revenir.
Trancher est un roman court. Ce qui est très bien, parce que je n’ai pas pu le lâcher avant de l’avoir terminé. Mais s’il avait été plus long, j’aurais aimé aussi. Même si je ne suis pas sûre que j’aurais pu rester plus longtemps en apnée. En apnée, parce que ce roman étouffe, il prend à la gorge. On a envie d’entrer dans l’histoire et d’aller prendre la main de l’héroïne pour la sortir de cette relation destructrice. Mais on ne peut pas. Et pourtant ce livre permet de découvrir l’histoire de l’intérieur. De comprendre pourquoi il n’est pas simple de se sortir d’une telle emprise. Et ça prend aux tripes.
Trancher – Amélie Cordonnier – Flammarion – 160 pages (août 2018)
Je suis de bon conseil! 😉
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Et bien oui, tout à fait, je ne manque aucune de tes chroniques.
Bises,
Maeve
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Super contente qu’il t’ait plu 😘
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Ah oui, beaucoup ! Merci d’en avoir parlé !
Bises et bises,
Maeve
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Ça a l’air super fort!
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Oui, ça l’est et en plus ça ne tombe pas dans le sordide et le voyeurisme.
Gros bisous,
Maeve
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