Filgoude – Mathou

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resume« Filgoude, c’est la meuf toujours positive, en forme, joyeuse, au top, adepte du bien-être : c’est sûr, si j’étais elle, je serais une « meilleure moi ». Et si j’essayais d’être cette « moi en mieux » ? »

Le journal intime de Mathou
monavis

J’aime parler de développement personnel – et plus particulièrement « d’anti-développement personnel » ou « développement anti-personnel » ou comme l’a écrit Julia de Funès « développement (im)personnel ». Et j’aime Mathou. Je vais donc essayer de faire preuve d’une totale objectivité à propos de Filgoude, comment je me suis disputée avec le développement personnel de manière à ce que vous puissiez vous faire une idée sur ce journal intime illustré sur le développement personnel. Même si je suis sûre que ça va vous plaire. Sûre, sûre.

Dans Filgoude, Mathou raconte sa relation avec le développement personnel. Elle aussi, comme beaucoup, a cédé aux sirènes de toutes ces techniques qui nous promettent, joie et bonheur. Elle nous raconte son envie d’y croire, le constat que tout ne marche pas sur elle et que ça n’est pas du meilleur effet sur son moral (Je ne spoile pas, le sous-titre de Filgoude est je le rappelle : comment je me suis disputée avec le développement personnel). Non parce que si on n’y arrive pas, c’est que c’est notre faute. Oui, quand même. Ben si.

Mathou évoque par chapitre toutes les injonctions (plus ou moins) bienveillantes auxquelles elle a été confrontée dans sa quête d’être « elle en mieux » : « ton corps tu purifieras », « la paix intérieure tu trouveras », « un esprit sain dans un corps sain », « soyez un modèle pour vous et pour les autres », etc. etc. L’occasion aussi d’évoquer sa déception autour du #bodypositive et tout un tas d’autres choses super intéressantes.

Considérée comme une autrice et illustratrice bienveillante et feel good, Mathou envoie de la joie et des coeurs partout autour d’elle. Elle, elle parle de #bodypositive (et on y croit), des moments où ça va bien (#paillettes) et de ceux où ça va moins bien (#cestpasgrave #unpasalafois). Derrière toute cette bienveillance, on sait bien que Mathou est une fille comme nous (enfin en tout cas, comme moi, mais j’imagine que c’est aussi comme vous). Qu’elle sait à quel point c’est important d’apporter de la bienveillance aux autres (à chaque fois que j’écris ou que je dis « bienveillance », c’est un gros fuck à mon ancienne boss qui refusait qu’on utilise ce terme trop politisé. Je sais que ça manque un peu de bienveillance, mais elle, elle n’en mérite pas, alors c’est pas grave). Et Filgoude, c’est un concentré de bienveillance. Parce que c’est complètement déculpabilisant.

Il n’y a pas que pour nous que ça ne marche pas complètement. Mathou, c’est pareil. Et imaginez comme c’est décomplexant. Imaginez comme ça aurait été cool pour moi si j’avais lu Filgoude avant de découvrir le développement personnel ?

Je ne sais pas si vous vous intéressez au sujet, mais moi oui. Comment ne pas se laisser tenter par des manuels qui nous promettent de changer de vie en trois mois, de réaliser nos rêves, de trouver ce qui nous anime, de savoir dire merde, d’être plus bienveillants, de ne plus se laisser marcher sur les pieds, de devenir une meilleure version de nous-même ? Hein, franchement ?

Malheureusement, je fais partie de ceux qui s’enthousiasment, sont prêts à tout changer, mais… environ deux jours. Après je me lasse, je m’ennuie, le soufflé retombe et le livre qui me promettait une nouvelle vie devient un gros caillou dans ma chaussure, une nouvelle illustration que je n’arrive pas à tenir une résolution. Bref, un échec, une envie de me rouler en boule sur le canapé de mon salon totalement hygge (c’est déjà ça !).

J’ai lu pas mal de livres sur le développement personnel et ce que j’en retire c’est qu’il ne faut pas se jeter sur la nouvelle méthode en vogue – parce qu’il y en a toujours de nouvelles. Et surtout qu’il ne faut pas tout prendre à la lettre.

Si vous dormez mal, vous lever à cinq heures du matin pour méditer, faire trois machines de linge et passer la serpillière, ce n’est pas forcément l’idée du siècle. Surtout si vous piquez du nez à 9h15 alors que vous finissez le boulot à 19h et devez préparer le repas après avoir fait des courses (d’ailleurs, vous avez pensé au batch cooking ? Ce serait bien pour vous, mais vous n’avez plus une once d’énergie (peut-être parce que vous vous levez à 5 heures du mat’?)).

On vous dit de dire Fuck, de devenir le coach en bonheur dans votre boîte, de prioriser vos taches pour ne pas vous disperser. Mais si vous souffrez d’un burn out, que votre boss vous harcèle, que vous n’avez même plus l’énergie de chercher un autre boulot… Ça vous donnera juste envie de pleurer, on est d’accord.

Alors, moi, dans les manuels de développement personnel, je prends ce qui m’intéresse et je laisse le reste (je ne dis pas que je ne pleure pas un peu en me rendant compte qu’il y a des choses que je suis incapable de faire). Parfois, un bouquin ne me parle pas du tout et parfois quelque chose résonne en moi et ça me fait réfléchir à ma manière d’être, de réagir, de laisser les autres m’atteindre. Et ça me donne envie de changer. Parfois. Deux jours (bon, parfois, ça me reste en tête comme les accords toltèques qui complètent très bien ma formation sur la communication non violente et la gestion des conflits). Et puis, donc, il y a des choses que je ne suis pas capable de faire. Damned.

Il y a quelques temps, on m’a conseillé plein de lectures, qui ne répondent pas à une nouvelle tendance, mais pourraient m’aider. Et surprise, aucune ne me demande de me lever à 5 heures pour faire du repassage et le ménage au dessus des armoires et à réparer mon âme selon la méthode du Kintsugi. Parmi elles, les livres de Lise Bourbeau, la base du développement personnel et qui devraient me permettre de mieux comprendre mes prochaines lectures. Peut-être que celles-ci me feront du bien ?

Dans mes pérégrinations, évidemment, je me suis retrouvée dans Filgoude. J’ai moi aussi essayé d’être une meilleure version de moi. Mais j’ai essayé surtout de ne pas me laisser miner par les injonctions du développement personnel, exactement comme Mathou. Alors, si vous êtes tentés par la lecture de ce type de livres, pensez à Filgoude. Et si vous avez l’impression d’être nuls parce que rien ne marche, pensez à Filgoude. Ce journal intime fait tellement de bien parce qu’il rassure et donne plutôt envie de trouver les tips qui pourront nous aider. C’est pas cool, ça. Au lieu d’être une meilleure version de soi-même, on pourrait devenir un soi qu’on aime ?

Voir ma chronique sur France Bleu Touraine :

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Filgoude, comment je me suis disputée avec le développement personnel – Mathou – Robert-Laffont – 181 pages (mai 2022)

11 réflexions sur “Filgoude – Mathou

  1. C’est vraiment très intéressant, et je me reconnais tellement dans ce que tu dis ! 😁 Je crois que le seul livre de développement personnel qui a fonctionné sur moi et dont j’applique encore les méthodes quand j’arrive au bout du bout, c’est « Foutez-vous la paix et commencez à vivre » de Fabrice Midal. Mais du coup, je me note celui-ci, qui a l’air d’être fortement déculpabilisant.

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  2. Franchement, je n’ai jamais été tentée par les techniques de développement personnel, mais j’avoue avoir cédé à Marie Kondo (sauf son passage sur les livres 😆) et être adepte du batch cooking. Parfois, quand je suis en forme, je me lève effectivement à 5h, mais seulement pour lire une heure tranquillement ! Je n’ai pas 10 bras, 3 cerveaux ni le courage d’hercule à l’approche de ses 12 travaux tous les matins. Alors je fais de mon mieux et ça me semble déjà bien. Je pense que les livres sur le développement personnel ont parfois tendance à nous enfoncer encore plus !

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  3. Pingback: M / P | Mademoiselle Maeve

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