Dans le cœur gros d’Anouk – Mathou

« Anouk a un gros chien, de grosses billes, une grosse écharpe…
Et depuis que Jules a dit tout fort dans la cour de récré quelque chose de très méchant,
Anouk a aussi le coeur gros… »
J’aime le travail de Mathou, j’aime ses livres. La douceur et la bienveillance qui se dégagent de son univers tout en rondeurs, en paillettes et en réconfort. Dans le cœur gros d’Anouk est son tout premier livre à destination des petits. Un album lui aussi tout en bienveillance et en rondeurs qui aborde le thème de la bienveillance.

Dans le cœur gros d’Anouk, c’est l’histoire d’une petite fille qui a un gros chien à qui elle fait de gros câlins, une grosse écharpe dans laquelle ses copains peuvent s’enrouler avec elle… Un jour un garçon de son école lui dit qu’elle est grosse et moche. Elle rentre en pleurs à la maison et demande à ses parents :

Pourquoi le même mot « gros », peut-il être aussi gentil quand on parle de cœur, de billes ou de chien et aussi méchant quand on parle des enfants.

C’est dur, hein, de lire ça ? Parce qu’on sait tous que c’est vrai, que le mot « gros » est très méchant quand il parle des enfants. On le sait parce qu’on a été des enfants nous-aussi.

Grand, trop maigre, roux, noir, avec des taches de rousseurs, gros, handicapé, portant des vêtements ringards, binoclard, intello, chochotte (le politiquement correct, tout le monde s’en fichait bien dans les années quatre-vingt, c’est effrayant – ne me reprochez rien, j’étais trop petite pour être responsable de mon époque). Voici quelques exemples de différences qui ne plaisaient pas toujours à l’école et que j’ai pu entendre – et moi-même subir en étant la grande trop maigre binoclarde intello avec des taches de rousseurs « sales on dirait des boutons ».

Imaginez-vous dans la peau d’Anouk. Cette petite fille est gaie, gentille, généreuse, elle ne dit rien à sa mamie alors qu’elle déteste les bisous mouillés sur les joues –  je vous ai dit qu elle était vraiment gentille ! Qui ne pourrait pas imaginer la petite Anouk rentrer chez elle et se regarder dans la glace en se disant « je suis grosse », « je suis moche », « personne ne m’aimera jamais ». En une phrase, bam, tout explose. Heureusement, les parents de la petite fille savent trouver les mots pour la réconforter et lui expliquer que tout le monde est différent et qu’il n’y a personne de mieux ni de moins bien. Tout le monde à sa place dans le gros cœur de quelqu’un. Et cet album est un gros coup de cœur pour moi !

Pour écouter ma chronique sur France Bleu Touraine, suivez le lien

Dans le cœur gros d’Anouk – Mathou – Robert-Laffont – 32 pages – dès 3 ans (août 2022)

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