« Deux vies en parallèle. Celle d’Anissa, une adolescente qui vit à Argenteuil, et celle de Nora, trentenaire parisienne. La première est victime d’un harcèlement scolaire violent et finira par en mourir. La deuxième lutte sur tous les fronts à la fois, contre le sexisme et le racisme qu’elle endure au quotidien, et pour ne pas se laisser broyer par une relation de couple nocive. Qu’est-ce qui les lie, sinon bien sûr de subir la brutalité du monde ? Et jusqu’où faudra-t-il aller pour en finir avec la violence des hommes ? Inspiré de faits réels qui s’éclairent l’un l’autre par le détour de la fiction, Seule nous plonge au cœur de multiples problématiques contemporaines, de l’addiction aux réseaux sociaux à l’intériorisation des comportements genrés, et jusqu’au sujet complexe entre tous de la légitime défense de femmes en danger de mort. »
Seule est le deuxième roman de Nesrine Slaoui, autrice que je découvre avec ce titre. La couverture fait très roman ados et jeunes adultes, mais le résumé découvert dans Livres Hebdo ne m’y avait pas fait penser (mais étais-je vraiment en train de penser à ce moment-là ?).
Anissa est une lycéenne d’Argenteuil qui a grandi avec Instagram et ses photos de filles parfaites. Elle, elle ne se sent pas parfaite, même avec un filtre sur ses photos. Au bahut, on se moque d’elle, les garçons de sa classe prennent un air dégoûté lorsqu’ils la voient. Jusqu’à ce qu’arrive un nouvel élève. Messages sur Snapchat tard dans la nuit, échanges de petits mots doux qui rassurent et « la » demande : une photo d’elle nue. Ce cliché qui la met mal à l’aise va signer son arrêt de mort. Nora, elle, a trente ans et vit une histoire toxique dont elle n’arrive pas à sortir. Celle qui a réussi à sortir de la banlieue, qui a « réussi » ne vit pas une vie de rêve pour autant. Au boulot, tout lui rappelle qu’elle est une femme et qu’elle est maghrébine. Double peine. Et dans le privé, elle dépend d’un type qui s’acharne à la broyer pour s’amuser (tellement drôle).
Ce roman est loin d’être léger. On ne le termine pas avec l’irrépressible envie d’aller gambader dans une prairie fleurie, mais plutôt à bout de souffle et les larmes au yeux. Quel gâchis ! Mais quel gâchis ! L’histoire de ce roman est désolante, notamment parce qu’elle traite d’histoires finalement banales aujourd’hui. Et tellement triste.
J’étais curieuse de lire Seule. Et je n’ai pas été déçue du voyage. La couverture me semble plutôt bien adaptée car ce roman peut tout à fait correspondre à un lectorat adolescent – si cela pouvait éviter à quelques gamines d’envoyer des nudes. Et le texte est assez percutant pour ne pas décevoir un adulte.
Seule – Nesrine Slaoui – Fayard – 144 pages (janvier 2023)
J’avoue que j’hésite entre « je suis grave tentée parce que ça a l’air fort » et « non, ça a l’air bien trop dur à supporter ».
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