« Pourquoi, Monsieur, expliquez-moi pourquoi, vous moquez-vous de votre Quichotte lorsqu’il ne s’accommode pas de ce qu’on appelle, pour aller vite, la réalité ? »
Une femme d’aujourd’hui interpelle Cervantes, génial inventeur de Don Quichotte, dans une suite de quinze lettres. Tour à tour ironique, cinglante, cocasse, tendre, elle dresse l’inventaire de ce que le célèbre écrivain espagnol a fait subir de mésaventures à son héros pourfendeur de moulins à vent.
Convoquant ainsi l’auteur de toute une époque pour mieux parler de la nôtre, l’autrice de Pas pleurer brosse le portrait de l’homme révolté par excellence, animé par le désir farouche d’agrandir une réalité étroite et inique aux dimensions de son rêve de justice.
Un livre-manifeste, autant qu’un vibrant hommage à un héros universel et à son créateur.
Lydie Salvayre a écrit une douzaine de romans, traduits dans une douzaine de langues, parmi lesquels La Compagnie des spectres (prix Novembre), BW (prix François-Billetdoux) et Pas pleurer (prix Goncourt 2014).
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Un crime sans importance – Irène Frain
« Les faits. Le peu qu’on en a su pendant des mois. Ce qu’on a cru savoir. Les rumeurs, les récits. Sur ce meurtre, longtemps, l’unique certitude fut la météo. Ce samedi-là, il a fait beau. Dans les commerces et sur les parkings des hypermarchés, on pointait le ciel, on parlait d’été indien. Certains avaient ressorti leur bermuda et leurs tongs. Ils projetaient d’organiser des barbecues dans leur jardin.
L’agresseur, a-t-on assuré, s’est introduit dans la maison de l’impasse en plein jour. On ignore à quelle heure. Pour trancher, il faudrait disposer du rapport du policier qui a dirigé les investigations. Malheureusement, quatorze mois après les faits, il ne l’a toujours pas rendu.
Face à l’opacité de ce fait divers qui l’a touchée de près – peut-être l’œuvre d’un serial killer –, Irène Frain a reconstitué l’envers d’une ville de la banlieue ordinaire. Pour conjurer le silence de sa famille, mais aussi réparer ce que la justice a ignoré. Un crime sans importance est un récit taillé comme du cristal, qui mêle l’intime et le social dans des pages tour à tour éblouissantes, drôles ou poignantes. »
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Le village perdu – Camilla Sten
« Comment tout un village peut disparaître sans laisser de traces ?
1959. Silvertjärn. La population de cette petite cité minière s’est mystérieusement évaporée. A l’époque on a seulement retrouvé le corps d’une femme lapidé et un nourrisson.
De nos jours, le mystère reste entier.
Alice Lindstedt, une documentariste dont la grand-mère est originaire du village, part avec une équipe explorer la cité fantomatique, en quête des secrets de cette tragédie.
Mais la piste de l’ancien pasteur du temple déterrera la mémoire d’un sombre passé…
Un passé qui hante encore le présent et semble avoir réveillé les ombres du village perdu. »
Les yeux rouges – Myriam Leroy
« Il s’appelait Denis. Il était enchanté. Nous ne nous connaissions pas. Enfin, de toute évidence, je ne le connaissais pas, mais lui savait fort bien qui j’étais. Une jeune femme reçoit un message sur Facebook. C’est l’amorce d’un piège suffocant à l’heure du numérique, quand la fatalité n’a d’autre nom qu’un insidieux et inexorable harcèlement. Dans ce roman âpre, où la narratrice ne se dessine qu’au travers d’agressions accumulées, de messages insistants, où l’atmosphère étouffante s’accentue à mesure que la dépossession se transforme en accusation, Myriam Leroy traduit avec justesse et brio l’ère paradoxale du tout écrit, de la violence sourde des commentaires et des partages, de l’humiliation et de l’isolement, du sexisme et du racisme dressés en meute sur le réseau. » Lire la suite
Madone – Bertrand Visage
« Madone, c’est le nom affectueux que donne à cette jeune femme sa protectrice, une vieille couturière du quartier. Madone a de longs cheveux noirs, un bébé sur les bras qu’elle allaite. Mais un jour, sans explication, la rivière du lait se tarit, se perd dans les sables, et Madone pour qui c’était le plus grand des bonheurs ne se console pas d’être devenue soudain incapable de nourrir son petit. Pendant ce temps, à l’autre bout de cette ville méditerranéenne, un géant blond accablé par la canicule, capitaine d’un cargo échoué dans le port tout proche, vit un moment de honte et de désarroi. Cette tache sur sa chemise, cette fleur humide qui colle aux doigts, qu’est-ce que cela peut bien être ? Depuis l’instant où Madone et le marin se sont croisés sans se voir, jusqu’à celui où ils se retrouveront, on suit avec délices les personnages de cette histoire aussi mystérieuse qu’émouvante, parfois cruelle, portée par une écriture pleine de vie et de sensualité, qui jette une lumière inattendue sur des thèmes universels : l’amour et le hasard, le désir d’enfants envisagé – pour une fois – du côté des hommes. » Lire la suite