Fille A – Abigail Dean

« Aux yeux du monde, Lex Gracie est la Fille A. Celle qui s’est échappée à quinze ans de la Maison des Horreurs où ses parents la séquestraient avec ses frères et sœurs.
Elle n’a plus jamais cessé de fuir depuis, mettant un océan entre elle et ses souvenirs. Mais lorsque sa mère meurt et la nomme exécutrice testamentaire, Lex ne peut plus esquiver. Il lui faut décider du sort de la Maison des Horreurs et obtenir l’accord des siens – ce qui signifie les retrouver, se replonger dans le passé qu’ils ont partagé et découvrir qu’ils en restent tous prisonniers.
Phénomène outre-Atlantique traduit dans trente-six pays et salué par une presse unanime, ce premier roman incendiaire sonde avec une puissance rare les traumatismes irréparables d’une enfance sacrifiée. »

Ce roman commence par la mort de Mère. Lex Gracie se rend à la prison dans laquelle elle se trouvait et refuse de voir son corps, ni de s’occuper de l’enterrement. Il faut dire qu’elle et ses frères et sœurs, Ethan, Delilah, Gabriel, Noah, Evie et Daniel ont vécu un enfer dans ce que tout le monde appelle La maison des horreurs. Mère a fait de Lex l’exécutrice testamentaire et lui a laissé la maison sur les bras. La Fille A va tenter de convaincre ses frères et sœurs de faire de ce lieu un centre à vocation sociale. Fille A, c’est le nom que l’on a donné à Lex quand elle est sortie de son cauchemar. Les autres sont devenus Fille B, Fils A, etc.

Ce premier roman d’Abigail Dean, avocate pour Google, est très étonnant dans sa construction. Il ne s’agit pas d’une histoire racontée de manière chronologique. On saute du plus que passé, au passé et au présent d’un paragraphe à un autre. On découvre les frères et sœurs les uns après les autres, par petits morceaux, tout comme ce qu’il s’est passé dans La maison des horreurs.

Fille A évoque la folie, religieuse notamment, l’emprise et la reconstruction. Surtout la reconstruction. Comment arriver à devenir un adulte quand on a vécu le pire ? Les Gracie n’ont pas géré de la même manière leur vie après. Il faut dire que tout le monde n’a pas subi les mêmes atrocités dans cette maison. Ils n’ont pas eu les mêmes chances après, qu’il s’agisse des thérapeutes qui se sont occupés d’eux et des familles qui ont adoptés les enfants Gracie.

Si l’on suit Lex, la fille A, c’est que c’est elle qui a réussi à s’échapper de la maison. Elle qui a réussi à sauver sa famille, à faire enfermer Mère et à se débarrasser de Père sans vraiment le vouloir. Elle avait quinze ans et vivait un véritable calvaire au nom d’une religion, une secte familiale, avec des préceptes imposés par Père qui peu à peu a sombré dans la folie.

Lex est restée proche d’Evie, mais les autres ont pris des chemins différents. Le testament de Mère est l’occasion pour les Gracie et malheureusement de revivre et faire revivre à tout le monde les horreurs vécues.

Fille A n’est pas le roman auquel je m’attendais. Je pensais à un thriller et ce n’en est pas un. Mais pour autant, j’ai bien aimé cette lecture, malgré certaines longueurs. La construction du roman fait que l’on a envie d’arriver à la fin pour tout savoir. Si vous vous laissez tenter, sachez quand même qu’il est probable que vous détestiez certains personnages et que vous n’en compreniez pas du tout d’autres…

Fille A – Abigail Dean – JC Lattès – 416 pages (février 2022)