Et à la fin, ils meurent – Lou Lubie

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resume« De l’Antiquité à Perrault et Grimm, Lou Lubie présente les versions authentiques et croustillantes des contes, où la fin heureuse s’arrose à la vodka et le prince n’est pas si charmant. À travers ces récits savoureux, l’autrice aborde avec humour une réflexion sur l’éthique des contes : violence, sexisme, racisme… Une exploration culturelle et littéraire passionnante ! »
monavis

« Même si ton cœur a l’âme en peine,
Il faut y croire quand même,
Le rêve d’une vie, c’est l’Amour… »

Les fans de Disney auront reconnu une chanson du film Cendrillon, la gentille petite fille maltraitée par sa belle-mère qui finit par embrasser le prince. Mais savez-vous que dans la véritable histoire (enfin, il existe plusieurs versions de ce conte, toutes plus horribles les unes que les autres), le père de Cendrillon, devenu veuf, se remarie – là, on est raccord avec Disney – mais que Cendrillon préférant que son père épouse sa couturière tue la femme de son père en refermant le couvercle d’une malle sur la tête. C’est la couturière, la harpie qui finit par la maltraiter. Pour que leurs pieds entrent dans la pantoufle, la première fille se coupe les orteils et l’autre les talons. Pas de bol, ça ne marche pas. Pour son mariage, Cendrillon demande à ses sœurs de l’accompagner et à la sotie de l’église, les colombes qui se trouvent sur les épaules de la mariée crèvent les yeux des vilaines sœurs.

Eh ouais. On est bien loin du conte que tous les enfants biberonnés à Disney ont connu. Les véritables contes sont des histoires pleines de « mutilations, meurtres, adultères, cannibalisme et même d’authentiques scènes de cul », dixit Lou Lubie dans Et à la fin, ils meurent : la sale vérité sur les contes de fée. Nan, mais ce titre ! j’adore. Tout comme cet album qui est vraiment beau. Et puis j’ai découvert Lou Lubie en lisant Goupil ou face, une BD autobiographique sur ce dont elle souffre : la cyclotimie.

Je dis album, mais c’est un livre un peu hybride. Entre bande dessinée et documentaire sur les contes de fées. Par chapitres, elle revient sur les origines des contes, elle présente leurs origines, les hommes et les femmes, elle s’interroge sur le racisme dans les contes de fées et c’est passionnant. Elle ponctue ces chapitres par des contes, présentant les versions des frères Grimm, de Basile ou de Perrault, expliquant qu’auparavant les contes étaient souvent destinés aux adultes, en raison de leur version trash du point de vue sexuel ou en raison de leur côté sanglant.

Quand j’étais petite, j’ai gagné Contes de Russie à l’école avec mes bons points. Et franchement, on était loin de Disney. Les gens mourraient, les femmes tombaient enceintes alors qu’elles étaient endormies (ceux qui ont lancé la polémique sur le baiser du prince à Blanche Neige devraient plutôt se pencher sur ces futures princesses qui se réveillent parce qu’elles accouchent.

En plus d’être une mine d’informations sur le sujet, ce livre est drôle, mais drôle. Les illustrations de Lou Lubie, toutes mignonnes, contrastent avec le côté affreux des contes et ils sont racontés avec une modernité qui est drôle, mais drôle.

J’ai découvert plein de choses, notamment des contes dont je n’avais jamais entendu parler comme Du souriceau, du roitelet et de la saucisse aussi incongru que son nom le laisse penser – et l’illustration de la saucisse en train d’essayer de ramasser du bois me fait rire dès que j’y pense. Et en bonus, un conte écrit par Lou Lubie quand elle était petite, Le petit soldats et les trois pipes. Elle n’a compris qu’adulte pourquoi tous le monde riait quand elle le racontait. Une des pipes était La pipe d’amour…

Pour finir, Lou Lubie précise que « si tu t’appelles Timothée et que tu as huit ans, change de livre ». Et en effet, n’est pas à mettre entre les mains des enfants. Sauf si vous voulez les traumatiser.

Voir ma chronique sur France Bleu Touraine :

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Et à la fin, ils meurent : la sale vérité sur les contes de fées – Lou Lubie – Delcourt – 248 pages (novembre 2021)

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