« Désert américain. 1880. Tandis qu’il regarde, impuissant, son dernier compagnon agoniser sous un ciel où tournoient déjà les vautours, Gabriel Morange se souvient. Le chemin a été long depuis son enfance en Auvergne jusqu’à ce défilé où il s’apprête à mourir. Un chemin marqué au fer rouge des violences du siècle. Bouleversé par la mort de son père et de son frère dans les guerres coloniales, le jeune Gabriel quitte son village pour s’engager à son tour. Mais sa soif de vengeance vacille bientôt devant les combats abjects, les atrocités, les horreurs commises par son propre camp, en Kabylie d’abord, au Vietnam ensuite. Jurant de ne plus jamais prendre les armes, Gabriel part comme missionnaire auprès des Indiens Navajos. Hélas, là-bas aussi les hommes s’entretuent pour dominer les terres et les esprits. Restera-t-il indifférent à la disparition annoncée de ce monde indien où il a enfin sa place ? Hymne à la liberté des peuples, Ours nous emmène dans les pas d’un homme qui aura cherché et trouvé beaucoup plus que la rédemption : une raison de vivre et de lutter. »
Durant l’été, j’ai lu Loup et les hommes de Emmanuelle Pirotte. Un grand roman d’aventure, qui m’a embarquée au XVIIe siècle, parmi les Indiens de Nouvelle France. J’y ai découvert Loup, un Français ayant abandonné sa culture et ses racines pour devenir un Indien et vivre au milieu d’un clan.
Quand j’ai vu qu’un autre livre abordait le sujet, j’ai eu envie de le lire. De retrouver un peu de l’esprit de Loup et les hommes. Alors j’ai attendu avec impatience d’avoir le temps de me plonger dans Ours de Philippe Morvan.
Philippe Morvan est né en 1962 à Clermont-Ferrand. À 18 ans, il participe à un recueil de nouvelles dans la collection « bibliothèque verte » des éditions Hachette, puis abandonne l’écriture jusqu’en 2012, lorsqu’il décide de reprendre l’écriture et publie cinq romans noirs sous pseudonyme. Ours lui a été inspiré par l’histoire vraie d’un de ses ancêtres.
Cet ancêtre a donné naissance à Gabriel Morange. Gabriel Morange a perdu son père et son frère durant la conquête française de l’Algérie. Épris de vengeance, il rejoint l’armée prêt à faire tomber des têtes en Kabylie. Mais sur place, il découvre l’horreur de la guerre, les viols des femmes, les meurtres d’enfants et il est écœuré. Puis il est envoyé au Vietnam et les massacres continuent. Il ne comprend pas que l’homme puisse commettre tant d’atrocités et ne se pardonne pas d’avoir lui-même tué.
Son besoin de se racheter va le conduire à la prêtrise et en Amérique pour évangéliser les « Peaux-Rouges ». Mais lui, qui ne voit pas de différences entre les gens, va tomber de haut en découvrant la vie au fort. Les Indiens mourant de faim et traités encore moins bien que des animaux.
Plus qu’un roman d’aventures, Ours est un roman humaniste. Certains passages plutôt durs – mais pas autant que dans Loup et les hommes – qui nous rappellent que l’homme peut être pire qu’une bête. Et cela vaut encore aujourd’hui. Car certains discours haineux et racistes peuvent avoir les mêmes relents pestilentiels que ceux qu’entend Gabriel de la part de certains soldats. Ceux qui ne laissent aucunes victimes. Petit à petit, Gabriel se connecte aux aux Indiens grâce à un petit garçon qui entre dans sa vie. Il apprendra à se pardonner d’avoir été dans le mauvais camp.
J’ai beaucoup aimé ce roman. Peut-être même plus que celui d’Emmanuelle Pirotte. La langue est simple et claire, l’intérêt est plutôt dans l’histoire et dans cet incroyable personnage qu’est Gabriel Morange. Savoir que l’auteur s’est inspiré de l’un de ses ancêtres me donne envie de dire : chapeau bas.
Ours – Philippe Morvan – Calmann-Lévy – 367 pages (octobre 2018)
Ce livre semble intéressant! Merci pour ta chronique 🙂
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De rien. C’est un livre qui questionne beaucoup sur la nature humaine. Et ce n’est pas franchement joli…
Bises et bises,
Maeve
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