L’enfant réparé – Grégoire Delacourt

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« On a souvent dit de ses romans qu’ils faisaient du bien. Lui-même a toujours su qu’il écrivait « parce que cela répare ». Que réparait Grégoire Delacourt ? Qui était son père, de plus en plus absent ? Sa mère, qui l’éloignait chaque jour davantage ? Histoire d’une famille où l’on porte le déni comme une armure, L’Enfant réparé offre un éclairage unique sur le parcours d’un grand écrivain. Il dit l’écriture comme seule échappatoire, permettant d’abord de fuir avant de dessiner, pas à pas, un chemin vers la faille originelle.

Au plus juste des mots, l’auteur nous offre un récit littéraire d’une lucidité exceptionnelle. Grégoire Delacourt en assure lui-même la lecture et nous fait partager l’émotion qui le traverse. »

monavisL’enfant réparé de Grégoire Delacourt n’est pas un roman. Le premier mot qui me vient est celui de témoignage, car il parle de sa vie d’auteur, de sa vie d’homme, de sa famille et de ce qui l’a brisé. Mais en fait, L’enfant réparé est plutôt un récit, celui de la reconstruction de l’auteur.

De Grégoire Delacourt, je pensais n’avoir rien lu, en tout cas pas La liste de mes envies. Mais en fait, L’enfant réparé fait référence à tous les romans de l’auteur et notamment Mon Père qu’en fait j’ai lu – à l’époque, j’avais écrit que ce roman n’était pas inoubliable, bon ben, en ce qui me concerne, ça s’est réalisé, vu que je ne m’en souvenais pas.

J’ai découvert L’enfant réparé en audio, lu par l’auteur. Pour l’anecdote, en plus d’entendre parfois des pages se tourner, à un moment Grégoire Delacourt dit un truc du genre « non, là ça ne va pas, je reprends » (je ne me souviens pas exactement ce qu’il a dit, mais j’ai bien aimé cette petite incongruité qui me rappelle que derrière le texte il y a une vraie personne, ça me rappelle aussi que dans un Rizzoli and Isles, Pierre-François Garel, dont j’adore la voix enrobante et hypnotique a éternué et cela s’est suivi d’un magnifique « putain ! » qui m’a tellement surprise que j’ai éclaté de rire et ça m’a fait un bien fou).

J’aime bien quand les livres sont lus par les auteurs et pour L’enfant réparé cela a son importance, je vous expliquerai pourquoi dans un instant, un peu de patience…

Le récit d’une reconstruction… Dans ce texte, Grégoire Delacourt raconte sa mère qui l’a éloigné d’elle, de sa famille. Ce qu’il a vécu comme un abandon, une preuve qu’elle ne l’aimait pas, était en fait une manière de le préserver, ce qu’il a compris plus tard, lorsque tout a explosé pour lui alors qu’il avait une cinquantaine d’année. Un traumatisme tellement enfoui profondément en lui qu’il l’avait totalement occulté. Du moins en apparence, car finalement Grégoire Delacourt explique que tout ce qu’il a fait, tout ce qu’il a écrit était dicté par cette douleur qui souhaitait se rappeler à lui. Tout s’expliquait finalement. Le choc est arrivé tardivement, il a fallu l’absorber, mais c’est ainsi qu’il pourrait se reconstruire et réconforter l’enfant qu’il était.

Le roman est très bien écrit, mais j’avoue m’être quand même pas mal ennuyée au départ. J’en étais bien désolée car les avis des lecteurs étaient presque exaltés. Je me demandais si je ne passais pas à côté de l’histoire de Grégoire Delacourt. J’avais presque hâte que ça se termine. Et puis… Je me souviens très bien du moment, j’étais au travail toute seule dans le bureau en train de couvrir des livres. Lorsque je suis seule à couvrir des livres à la bibliothèque, j’aime beaucoup écouter des livres – ou des podcasts sur les true crimes. J’étais donc avec Grégoire Delacourt qui me racontait son cheminement quand soudain j’ai entendu un sanglot contenu dans sa voix. Immédiatement, j’ai eu une boule dans la gorge et des larmes aux coins des yeux. Simplement en entendant cet homme tenter de ne pas pleurer en parlant – fichue empathie.

A partir de là, ce moment où Grégoire Delacourt découvre le traumatisme qui a guidé sa vie, j’ai commencé à accrocher au texte. Cette partie où l’auteur entre dans cette phase de prise de conscience, de douleur et d’envie de se relever. J’ai été touchée. Vraiment.

Si cette écoute a été pour moi en demi-teinte, la lecture par l’auteur se justifie totalement et apporte cette émotion qu’aucun autre lecteur n’aurait pu apporter. Ce qui est bien aussi dans les livres audio, c’est qu’il y a parfois des entretiens avec les auteurs et c’est un véritable plus. Un moment que j’apprécie particulièrement, car ils permettent d’apporter un éclairage sur l’œuvre, leur relation avec l’histoire et cela permet aussi de mieux appréhender les écrivains. Et dans L’enfant réparé, cet entretien est passionnant.

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L’enfant réparé – Grégoire Delacourt – Audiolib – 3h49 – lu par l’auteur et suivi d’un entretien avec lui (janvier 2022)

2 réflexions sur “L’enfant réparé – Grégoire Delacourt

  1. Elle est très belle ta chronique, j’avais moi aussi les larmes aux yeux en lisant ta phrase  » j’ai eu une boule dans la gorge et des larmes aux coins des yeux. ». Je ne voulais pas trop lire ce roman, qui a pourtant attisé ma curiosité, parce que « fichue empathie » comme tu le dis si bien. Mais finalement, en lisant ton avis, je me dis que je pourrais vraiment aimer.

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