Les dédicaces – Cyril Massarotto

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resume« De Claire, on ne sait pas grand-chose, sinon qu’elle vit à Paris et collectionne les livres dédicacés. Son plus grand plaisir est d’écumer les librairies à la recherche de ces trésors uniques et précieux. Chez un bouquiniste, elle tombe sur un spécimen qui l’intrigue. L’auteur, Frédéric Hermelage, laisse son numéro de téléphone à une certaine Salomé, assorti d’un compliment outrancier. Seulement, à la lecture, le roman est à l’opposé de la dédicace. Subtil, élégant. Comment expliquer un tel contraste ? De librairies en Salons du livre, Claire se lance sur les traces de cet écrivain discret, jusqu’à franchir les règles de la fiction. »
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J’avais plutôt bien aimé Click & Love de Cyril Massarotto, du coup quand j’ai vu que Les dédicaces sortait en poche, je me suis dit que ça pourrait être une lecture sympa. D’autant que le résumé me semblait pas mal. Bon, c’est vrai que je manque peut-être un peu d’objectivité lorsqu’un livre parle de livres…

Les dédicaces, c’est l’histoire d’une rencontre. Claire a une étrange lubie, elle collectionne les livres dédicacés. Elle ne fait pas le tour des salons pour se faire dédicacer des livres. Non, ce qu’elle aime, c’est trouver des livres dédicacés à d’autres qu’elle. Un jour, au cours d’une de ses sorties chez le bouquiniste qui lui met de côté quelques pépites, elle tombe sur une dédicace qu’elle trouve déplacée. L’auteur s’est en effet permis un compliment sur le physique de sa lectrice et lui a laissé son numéro de portable. Claire est un peu choquée, mais en même temps assez intriguée. Apprenant que l’auteur dragueur est invité dans une librairie à côté de chez elle, elle décide de s’y rendre – ce qu’elle ne fait jamais habituellement – pour étudier le spécimen. Et on ne va pas se mentir, elle espère aussi qu’il la remarquera et lui laissera une dédicace du même genre.

Franchement, je m’attendais à une romance légère et sympa, mais ce n’est absolument pas ce que j’ai ressenti à la lecture de ce roman. J’ai trouvé les personnages plutôt détestables. Claire devient complètement obsédée par la femme à qui l’auteur a dédicacé le livre qu’elle a trouvé. Elle se fait même passer pour elle dans des messages avec l’auteur. Et lui, j’ai trouvé qu’il était une caricature du romancier snob qui ne supporte pas ceux qui réussissent mieux que lui alors que franchement ils écrivent nettement moins bien que lui – évidemment.

J’ai la chance d’avoir une amie qui me raconte les potins des salons puisqu’elle y participe. Et pendant les déjeuners, il n’est pas rare que certains descendent en flèche les auteurs « grand public » qui cartonnent alors qu’ils écrivent avec les pieds. J’avoue que ce snobisme me sort par les yeux, comme si la littérature « grand public » était forcément nulle. Je mets des guillemets à « grand public » car je trouve méprisant ceux qui pensent que ce qui l’est est forcément à jeter à la poubelle. A mon sens, il faut des livres pour tous les publics justement et je déteste que l’on considère que les amateurs de Virginie Grimaldi, Guillaume Musso, Valérie Perrin ou Marc Levy – parce que ce sont généralement eux qui sont visés – sont forcément des beaufs car ils ne s’intéressent pas à la « vraie littérature », celle qui est encensée par Télérama (en gros).

Mais il n’y a pas que les auteurs qui tiennent ce genre de discours. En passant la porte de certaines librairies, j’ai été choquée par les discours méprisants vis-à-vis de ces lecteurs qui devraient avoir honte d’acheter des merdes. Certains ne les proposent pas – comme ça c’est simple et cela devient un lieu prisés par le genre de personnes que je fuis, d’autres proposent ces livres « bras tendus » (on est d’accord que cette expression est elle aussi terriblement méprisante ?), parce qu’on ne va pas cracher sur l’argent de ces lecteurs décérébrés – l’argent n’a pas d’odeurs comme on dit. Évidemment, ce genre de comportement me donne envie de vomir. Et du coup, j’ai détesté le personnage de l’auteur. Mais finalement, je me demande si Claire n’est pas encore pire !

Je salue tout de même le travail de l’auteur qui a réussi à me faire ressentir du dégoût pour ses personnages, alors qu’ils étaient assez sympathiques dans Click & Love. Je n’ai vraiment pas passé un bon moment avec Les dédicaces, mais je dois tout de même admettre que j’ai longuement parlé de ce roman avec mon amie écrivaine. Alors, il est bien probable que Cyril Massarotto ait gagné son pari : faire parler de son livre et prendre conscience – si ce n’était pas déjà fait – que ce snobisme littéraire n’a rien de saint. Et que Claire non plus n’est pas vraiment saine. Après, je ne sais pas si c’était l’objectif de Cyril Massarotto. J’espère en tout cas !

Ensuite, petite anecdote, un auteur a laissé une dédicace du même genre à l’une de mes anciennes collègues, choquante, misogyne et avec son 06. Je ne dirai pas qui, mais toutes mes collègues s’entendent pour dire que c’était un vrai connard – même sans l’histoire de la dédicace, qui n’a été que l’apothéose de sa visite –  et qu’elles ne risquent pas de le faire revenir à la bibliothèque !

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Les dédicaces – Cyril Massarotto – J’ai lu – 288 pages (avril 2022)

3 réflexions sur “Les dédicaces – Cyril Massarotto

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