Une étincelle de vie – Jodie Picoult

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« Quand une prise d’otages a lieu dans la dernière clinique du Mississipi à pratiquer l’avortement, c’est à Hugh McElroy, un négociateur de crise expérimenté, que l’on fait appel. Avec plusieurs blessés nécessitant des soins et un forcené dont les revendications restent floues, la situation s’avère délicate à gérer. Elle le devient encore davantage quand Hugh apprend que sa fille adolescente se trouve à l’intérieur du bâtiment.
Après Mille petits riens, Jodi Picoult poursuit son exploration des tabous de l’Amérique dans un roman palpitant et subtil. »
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Une étincelle de vie est le nouveau roman de Jodie Picoult. Et son sujet, brûlant d’actualité, m’a donné envie de le lire immédiatement.

Un homme entre dans la dernière clinique du Mississipi à pratiquer l’avortement. Il tire sur quelques personnes, prend les autres en otage. Le médecin, une militante anti-IVG infiltrée, une infirmière et quatre femmes. Dont la fille du négociateur de crise. Pendant ce temps-là, une jeune fille risque vingt ans de prison pour avoir avorté chez elle, faute d’avoir pu le faire dans une clinique.

Jodi Picoult a déjà écrit vingt-cinq romans et c’est le premier que je lis. La structure d’Une étincelle de vie est un peu déstabilisante et frustrante puisque l’histoire est racontée à rebours. On démarre avec la « presque fin » de la prise d’otages – évidemment, lorsque j’ai compris que je n’aurais le fin mot de l’histoire qu’à la fin du roman, je me suis sentie un peu contrariée. Et je me demandais bien ce que j’allais apprendre en remontant ainsi le fil du temps. Après tout, ne savais-je pas tout ce que j’avais à savoir ? Je peux vous dire que non et j’ajoute même que je me suis pris un certain nombre de révélations en pleine tête, et je ne les avais pas du tout vues arriver.

J’ai adoré les personnages, les différents points de vue. Pour écrire son roman, Jodi Picoult a rencontré des femmes ayant subi un avortement, des militants pro-life opposés à l’avortement, du personnel soignant travaillant dans des cliniques, accompagné un docteur pratiquant des avortements. C’est ce qui rend le roman si riche. Il donne la parole à tout le monde, mais certaines voix résonnent plus fort et plus longtemps que d’autres.

J’ai été particulièrement touchée par le personnage de Louie, le médecin, tellement humain. Mais je pourrais vous citer tous les autres, car ils apportent chacun un point de vue, ils sont les voix de centaines de personnes, ils racontent mille histoires de vie. Et lorsque l’on découvre, au fur et à mesure, les connexions qui existent entre chacun d’eux, c’est un peu comme si on se prenait un coup de massue dans le ventre. Ça coupe le souffle.

Quand je vous parlais d’actualité brûlante, il faut rappeler que l’Alabama vient d’adopter la loi la plus restrictive des États-Unis sur l’avortement. Elle interdit toute interruption volontaire de grossesse en dehors d’un risque sérieux pour la mère de l’enfant à naître, peu importe si la grossesse résulte d’un viol ou d’inceste. Tout médecin qui contreviendrait à la loi pourrait encourir jusqu’à 99 ans de prison, soit plus que la peine encourue par une personne reconnue coupable de viol.

Au moment où L’étincelle de vie est paru aux États-Unis, une loi venait d’interdire dans le Mississippi une loi interdisant les avortements au-delà de quinze semaines de grossesse, ce qui était à l’époque le délai légal le plus court des États-Unis. Mais depuis, le Kentucky, le Mississippi et la Georgie ont interdit les avortements dès que les battements du cœur du fœtus sont détectables, soit environ à la sixième semaine de grossesse. Des mesures comparables sont en passe d’adoption en Georgie, dans l’Ohio,  le Missouri et le Tennessee. Et peut-être bientôt en Floride, dans le Maryland, le Minnesota, au Texas et en Virginie Occidentale.

Aux États-Unis, le droit à l’avortement recule très clairement et il y a de quoi s’inquiéter, car l’avortement a toujours existé et il existera toujours, le risque est que les femmes mettront leurs vies en danger pour avorter, en optant pour des solutions clandestines, dangereuses. Dans le roman, il est question de femmes qui n’ont pas les moyens d’élever un enfant, d’une enfant de douze ans enceinte de son propre père. Peut-on obliger la victime d’un viol ou d’un inceste à porter l’enfant ? Comme le dit Louie : la question qui se pose n’est peut-être pas A quel moment un fœtus devient-il une personne ? Mais plutôt A quel moment une femme cesse-t-elle d’être une personne à part entière ? » Pour que l’on décide que le fœtus est plus important que la mère qui le porte…

L’étincelle d’une vie est un roman coup de poing, profondément humain. A lire. Vraiment. Je pense que vous retrouverez de temps en temps ici d’autres romans de Jodie Picoult. S’ils sont aussi percutants qu’Une étincelle de vie, je me prépare à de grandes heures de lecture…

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Une étincelle de vie – Jodie Picoult – Actes Sud – 413 pages (mai 2019)

 

13 réflexions sur “Une étincelle de vie – Jodie Picoult

  1. Sûrement un des bouquins que je veux le plus lireces derniers temps. Effroyable parallèle avec la société actuelle qui recule de plus en plus.
    Il y a également au Texas un texte en pourparlers qui ferait passer les femmes ayant avorté pour des meurtrières et seraient donc passible de la peine de mort 😥. L’avenir est très sombre pour les femmes.

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  2. Cela fait plusieurs mois que j’ai réellement envie de découvrir Jodi Picoult mais je ne sais pas trop à quoi m’attendre. Avec cet article, je suis conquise et je pense que d’ici quelques heures, deux de ces livres seront commandés !

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