Ce que nous confions au vent – Laura Imai Messin

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resume« Sur les pentes abruptes du mont Kujira-yama, au milieu d’un immense jardin, on aperçoit une cabine téléphonique : le Téléphone du vent. Chaque année, des milliers de personnes décrochent le combiné pour confier au vent des messages à destination de leurs proches disparus. En perdant sa mère et sa fille, emportées par le tsunami de 2011, Yui a perdu le sens de sa vie. C’est pour leur exprimer sa peine qu’elle se rend au mont Kujira-yama, où elle rencontre Takeshi et sa petite fille, également en deuil. Mais une fois sur place, Yui ne trouve plus ses mots…
C’est un endroit réel qui a inspiré à Laura Imai Messina ce magnifique roman. Ode à la délicatesse des sentiments, Ce que nous confions au vent est une puissante histoire de résilience autour de la perte et la force rédemptrice de l’amour. »
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J’adore les livres audio depuis que je suis tombée dedans, j’ai déjà dû le dire environ 372 fois sur ce blog, mais c’est toujours vrai. Alors je me trouve extrêmement chanceuse de faire partie du jury du prix Audiolib 2022. Et c’est à cette occasion que j’ai découvert Ce que nous confions au vent premier roman traduit en français de Laura Imai Messina, autrice italienne installée au Japon. Ce titre fait partie de la sélection de cette année.
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Le 11 mars 2011, un séisme au Japon a provoqué un tsunami, c’est-à-dire des vagues de plus de dix mètres de haut qui ont tué près de 19.000 personnes et ont aussi endommagé la centrale nucléaire de Fukushima, ce qui est le pire accident du genre depuis celui de Tchernobyl.

Dans Ce que nous confions au vent, Yui a perdu sa mère et sa fille durant le tsunami. Animatrice radio, elle entend parler lors d’une émission du Téléphone du vent qui se trouve sur les pentes du mont Kujira-yama. Ce Téléphone du vent est une cabine téléphonique, avec un vieux téléphone qui n’est relié à rien. Et chaque jour, des personnes ayant perdu une mère, un frère, un enfant, un mari, un camarade d’école viennent décrocher le combiné pour leur parler. Yui va commencer à fréquenter ce lieu et faire connaissance avec ceux qui s’y rendent régulièrement, comme Takeshi et sa petite fille qui ont perdu pour lui une épouse et pour elle une maman. Takeshi et Yui se rapprochent, deviennent un couple, mais la relation entre Yui et la fille de Takeshi est moins évidente, car Yui a en elle un trou béant laissé par la disparition de sa fille, comment en aimer une autre ? Et comment devenir une figure maternelle pour une enfant en deuil ?

Ce que nous confions au vent s’inspire d’un lieu qui existe vraiment et c’est ce qui fait la force de ce roman. Le Téléphone du vent existe. Et chaque année, des milliers de Japonais viennent parler à leurs proches disparus. Mais pas Yui. Yui n’arrive pas à parler à sa mère, à sa fille. Alors dans ce roman, Yui parle d’elles. Et des autres, ces endeuillés qu’elle croisent et qui ont chacun une histoire.

Ce roman est très touchant, mais je dois quand même avouer que par moment j’étais plus concentré par mes découpes de papier-peint que par le texte de Laura Imai Messina. Et que j’ai parfois un peu perdu le fil. Mais j’ai tout de même été séduite par cette histoire triste et poétique.

J’ai cherché pendant environ mille ans – j’exagère à peine – à quel film m’avait fait penser cette histoire de téléphone du vent. Sans résultat. Je n’arrêtais pas de tomber sur In the mood for love et 2046, alors que je SAIS que c’est un autre film, antérieur, avec une scène qui m’a fait pleurer tant elle était touchante. Ces vaines recherches m’ont tout de même apporté une chose, une réplique tirée d’In the mood for love qui vous fera comprendre pourquoi j’ai fait le rapprochement entre Ce que nous confions aux vent et ce film-dont-je-ne-retrouve-pas-le-nom : « Il existe une légende qui raconte qu’autrefois, lorsque nous voulions déposer le poids d’un secret, nous allions dans les montagnes jusqu’à un arbre, et dans son tronc y déposions, au sein d’un trou, notre secret. »

La lectrice Clara Brajtman a déjà prêté sa voix à plusieurs textes. Je n’avais pas encore eu l’occasion de la croiser, même si j’écoute très régulièrement des livres audio. Il m’a semblé que le choix de cette comédienne était judicieux, car sa voix douce se marie bien cette histoire pleine de poésie.

La romancière glisse quelques mots à la fin de son roman et j’ai apprécié le message concernant le Téléphone du vent. Elle invite les lecteurs à ne pas chercher à le trouver, car cette ne s’agit pas d’une destination touristique de tourisme, de selfies pour Instagram (ça c’est moi qui l’ajoute), mais un lieu de recueillement. Et j’ai trouvé cet avertissement plutôt bienveillant pour les Japonais qui s’y rendent pour parler à leurs proches disparus.
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Ce que nous confions au vent – Laura Imai Messina – Audiolib – lu par Clara Brajtman – 5h01 (septembre 2021)